Interview Pascal Moyon – Profiter des opportunités

Rester à vie dans une grosse boite ou s’expatrier ?

Viser la sécurité ou la liberté ?

Rester salarié ou se mettre à son compte ?

Pascal a occupé des postes de Direction pour Eurostar, Expedia, Hertz, Lastminute.com, HSBC, Gocompare, et maintenant Canon… n’en jetez plus.

D’une nature plutôt introvertie, Pascal a su tirer partie des opportunités de carrière. Dans ce podcast, il nous dit pourquoi et comment.

Voici les informations permettant de le suivre :

– LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/digital-transformation-sme/

Voici la transcription de cette vidéo :

Stéphane : Bonjour Pascal, ça va ?

Pascal : Bonjour Stéphane, très bien.

Stéphane  : Ok donc moi je t’invite parce que je sais que tu as une carrière extrêmement bien remplie avec des postes à haute responsabilité dans des boîtes importantes, ceux qui sont curieux pourront regarder les autres vidéos que tu as eu la gentillesse de faire avec moi et tu as expliqué ça.

En l’occurrence là ce que j’aimerais voir avec toi, c’est un petit peu comment gérer une carrière avec une vision, une façon d’être, une façon de faire qui t’a permis d’atteindre une forme de sérénité et de bonheur, malgré un environnement pas forcément simple, dis-moi un peu qu’est-ce que tu as fait un moment, tu es parti de France, c’est ça ?

Pascal : Oui alors je suis parti de France. Après ça faisait 9 ans que je travaillais à la SNCF et j’ai eu une opportunité assez rare quand on travaille très franco-français de gagner un poste à London pour travailler au projet de création de société Eurostar.

Je n’ai pas hésité très longtemps parce que partir à Londres découvrir de nouveaux horizons,une nouvelle vie, ça c’était une aventure assez (inaudible). En fait, ça fait 20 ans que je suis à Londres, plus exactement au Royaume Uni, et ça m’a apporté énormément parce qu’en fait quand on est dans une culture très francophone on ne se rend pas compte effectivement que il y a d’autres façons de penser, il y a d’autres façons notamment en matière de business, il y a d’autres façons de manager.

Londres est une ville cosmopolite, c’est-à-dire dire que non seulement il y a des Anglais mais en fait, il y a également toutes les nationalités et ça, ça donne une richesse extraordinaire, d’être confronté à des gens qui viennent d’autres horizons, qui ont grandi, qui ont appris dans d’autres éducations avec d’autres systèmes de valeurs, et le tout avec l’anglais qui est, comment dirai-je…C’est un langage commun mais comme il y a beaucoup d’étrangers, finalement on est tous aussi au même niveau. Pour moi on est dans un environnement, qui est très différent de la France, très ouvert et ça c’était une révélation.

Je pense qu’effectivement ça m’a donné cette opportunité, après de travailler chez Expedia comme lastminute et d’avoir des expériences de travail que je n’aurais jamais eu si j’étais resté en France.

Stéphane : Moi ce que je retiens c’est: 1-tu as pris une opportunité.

Pascal : Oui !

Stéphane :  Tu aurais pu passer toute la vie chez SNCF tranquille en France. Voilà faire ta carrière et tu avais un environnement royal parce que je crois qu’au niveau de la retraite et tout ça, il n’y a pas mieux avec EDF, bien sûr mais n’empêche que voilà tu te dis Eurostar déjà c’est pas le même entité, et même derrière tu n’as pas hésité à partir et à prendre des opportunités qui se sont offertes à toi, tu as découvert un environnement beaucoup plus ouvert qui t’a finalement beaucoup mieux correspondu. Mais par contre, il fallait aller le chercher quoi.

Pascal : Oui mais en fait c’est, d’ailleurs on se rend compte que, effectivement pour moi le plus gros choc c’était quand je suis passé de la culture SNCF à la culture d’Expedia où on parle (inaudible) très français aussi d’une culture très quasi administrative à une start-up américaine avec effectivement, le manager était Suédois, j’avais des collègues espagnols, donc c’est un choc mais un choc, comment dirais-je, extrêmement positif, alors par contre tout se remet en cause, parce que tout ce qu’on a pu apprendre, ou la façon, ou le confort qu’on pouvait avoir est remis en cause et on doit refaire ses preuves de zéro.

Je me rappelle le premier jour le premier soir ou je suis rentré à Expedia. J’ai eu une attaque de panique en me disant: mais qu’est-ce que j’ai fait, puis ça m’a duré la nuit et le lendemain c’était parti. Ça a été vraiment l’une des meilleures décisions de ma carrière.

Stéphane : Donc tu as décidé de plonger dedans plutôt que de revenir sur tes peurs en te disant je vais pas y arriver c’est oh là là, c’est incroyable, c’est trop pour moi, tu t’es dit, non, je fonce, après tout, j’y suis maintenant et je vais donner tout ce que je peux, ça a donné je crois une impulsion pour le reste de ton parcours parce que, après tu as pris d’autres challenges très complexes et à chaque fois tu es pas resté super longtemps. En fait toi ce que tu aimes c’est, préparer les choses pour créer de nouvelles choses en fait et quand ça devient la routine tu t’en va.

Pascal : Oui en fait quand on regarde mon parcours à chaque fois c’est partir d’une page blanche, tous les postes sont partis d’une page blanche. Mon premier poste à la SNCF c’était de concevoir un système pour placer des trains à quai à la Gare du Nord. Voilà c’était la feuille de route c’était ça. Débrouilles-toi ! Et tous mes postes après ont été dans la même veine, c’est à dire effectivement Expedia c’était on voudrait savoir comment est-ce qu’on peut être. Avoir le même succès dans le domaine du tour operating, donc des voyages organisés, que dans la vente d’hôtels ou de vols secs. Et voilà et à chaque fois on parle de cette mission là, et je me suis découvert en fait quand on parle, quand on revient sur son passé, que ce qui me définit, c’est la résolution de problèmes, c’est le changement et pour ça donc assez naturellement, pour moi, c’est l’ouverture d’esprit, ces opportunités sont…je les saisis, mais à chaque fois avec un plaisir et avec très peu de peur.

J’ai eu de la chance parce qu’en fait le monde de plus en plus demande beaucoup d’adaptation. On est sur des, on l’a déjà dit dans une autre vidéo, les entreprises sont mortelles, on peut pas compter sur, la seule façon, garantie qu’on ait c’est son employabilité, et son employabilité il faut la construire, il faut la construire avec des compétences et avec cette flexibilité de pouvoir s’adapter.

Stéphane : C’est marrant, parce que j’ai vécu ça d’une drôle de façon. Quand j’étais en SSII on appelait ça à l’époque, il y a 20 ans et c’est devenu ESN aujourd’hui, c’est exactement ce que je vivais tous les jours, parce que tous les ans quasiment je changeais de mission, un jour d’étais chez Renault, un an après j’étais chez TDF après je partais chez RTE ou EDF, après j’allais chez TF1, après je partais chez Cegetel, donc ils vendent pas du tout la même chose, c’est pas les mêmes équipes, il faut réapprendre toute l’organisation, les process, tout.

Même les boites, j’ai démissionné 7 fois, donc quand tu arrives dans une boite tu apprends des trucs, pareil, même si les SSII sont un peu toutes pareil, mais il y’a quand même des différences et donc je me disais, je suis adaptable formidable et tout. Je sais tout faire, mais en réalité, j’étais quand même dans une forme de routine, pas de routine mais c’était un monde que je connaissais bien et finalement je faisais mes heures. J’avais mon salaire tranquille. J’arrivais à 9h à 9h30 à Paris, à 17h à 18h comme on était parti ou 19h. Bon ben voilà, puis le soir tu fais autre choses quoi.

Alors que quand tu deviens entrepreneur, enfin tu es ton propre responsable, tout d’un coup, tu as plus d’horaires, tu n’as plus de vacances tu n’as plus de weekend. Tu as plus rien et là tu peux t’adapter, parce que là c’est pas un métier que tu fais c’est dix d’un coup faut gérer, entre guillemets, bah toutes tes ressources financières, faut gérer ton temps, il faut gérer les nouveaux clients, il faut gérer les prospects, il faut faire la vente. Il faut faire tes offres, tu fais des trucs qui n’ont rien à voir avec ce que tu as appris dans ta carrière avant et c’est 10 fois plus compliqué, en fait là ouais, j’ai commencé vraiment à m’adapter et à bosser vraiment. Comme quoi c’est rigolo,toute une question de contexte et on croit qu’on maîtrise, et on se met complètement dans un autre contexte, ça serait peut être très dur pour toi comme pour moi de revenir chez SNCF et d’être dans un contexte administratif, ou être à La Poste.

Pascal :  Ce serait super dur !

Stéphane : On s’adapte quoi, ce serait aussi incroyable d’y arriver. Donc quelque part c’est pas une question de, il n’y a pas de mérite d’être dans un milieu ou dans un autre, le mérite c’est de savoir s’adapter. Il faut se fondre dans un contexte qui n’est pas le sien et qui est compliqué pour nous au départ parce que si on y arrive ça veut dire que voilà, on a progressé peut-être même humainement et personnellement si en tout cas le nouveau contexte nous plaît bien sûr. Il se trouve que ça, c’est ça le vrai défi, c’est d’aller chercher des choses différentes, pas mieux mais différentes, et on verra si c’est mieux, parce que tu n’en sais rien en fait.

Pascal : Pour moi, effectivement, c’est vrai que c’est ce contexte là, il y’a quand même un fil rouge dans ce que j’ai fait surtout depuis 10 ans, qui est tout autour de la transformation digitale. Donc on est quand même sur des métiers qui restent ou sur des activités qui restent assez similaires, mais dans lesquelles finalement le contexte des entreprises est toujours (hachures) et toi finalement tu t’enrichis, l’une des vertus du métier de consultant, c’est que tout ce que tu apprends dans un poste dans une mission, tu le ramènes avec toi bien évidemment dans la mission suivante et en général, tu améliores tes outils, tu es de plus en plus efficace, ce qui fait que tu arrives maintenant chez un client avec une capacité à résoudre leurs problèmes beaucoup plus rapide et en plus tu leur rapportes une perspective beaucoup plus large parce que quand je viens chez Canon, je sais que je peux leur parler également de Hertz avec le fait que ce soit une organisation aussi, avec un siège central à Londres et des relations avec des pays où qui rappelle des problèmes similaires à celles de Canon.

Effectivement, tu peux dire, je sais que le digital peut avoir des importances différentes d’entreprise, tu apprends aussi à comment je vais influencer à reconnaître si les types de personnalités et les types de culture d’entreprise, en te disant comment faire mieux progresser tes projets, donc tout cela.

En fait, fait que tu, sans t’en rendre compte, t’accumules en fait une expertise, un savoir faire, une expérience qui qui rend ton futur job de plus en plus intéressant.

Stéphane : C’est pour ça que ça m’amuse un petit peu quand je vois les jeunes de 25-30 ou même 35 ans je peux considérer que c’est jeune, arriver extrêmement sûrs d’eux,voire très pédants, agressifs, etc..

Ils n’ont absolument pas compris que l’expérience prime sur, limite, la compétence et l’explosivité, la pertinence on peut l’avoir à 50 ans, on rajoute l’expérience qui fait, comme on est passé par tellement de boites, tellement de contextes différents, qu’on va direct à la solution. Nous aussi on sait faire, mais en plus, on s’est élargir complètement le spectre parce qu’on a une vision d’avion de très loin. On voit le truc se faire en fait et on sait très bien ce qui va planter parce qu’on l’a déjà vu X fois avant.

Pascal : Oui, mais on apprend des ses erreurs.

Stéphane : C’est pas juste savoir faire réussir un truc. C’est aussi détecter ce qui va merder dans le process global qui, parfois, n’est pas de notre ressort, et on peut aller voir les gens leur dire là, attention, il y’aura ça et ça plus ça, ça ne va pas le faire, et à 30 ans tu ne peux pas voir ça parce que tu ne l’as jamais vu, où tu l’as vu qu’une ou deux fois. Nous on l’a vu 10, 20, 30 fois, donc à un moment, ben voilà, tu es beaucoup plus fort, et c’est pour ça que tu es beaucoup plus cher aussi, et que tu es utile, donc je pense que tout le monde a une valeur à tous les âges. Il n’y a pas de souci.

J’en connais un, là je travaille avec un mec qui a 20 ans, il est incroyable. Il me sort des trucs que je vois pas et tout, ben c’est génial, il n’a que 20 ans quoi, donc ça n’a pas forcément de rapport mais quand même il y a toujours, toujours il faut les deux, on peut très bien être deux sur un poste, trois, quatre, et c’est encore une fois, c’est la diversité qui fait la richesse de parcours, de personnes, d’expériences, forcément, on est plus riche de tout ça.

Ben écoute, merci Pascal pour ton retour. C’était vraiment intéressant, ça peut être inspirant aussi pas mal et encore une fois, prendre des risques, ok, mais de manière relativement calculée, se remettre en question, prendre des opportunités, foncer, changer, bouger, c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, je te vois heureux, serein.

Pascal : Ah oui, très !
Stéphane : Ça fait plaisir, merci !

Pascal : Merci Stéphane, à bientôt, au revoir.