Interview Nathanaël Becker – Bien mieux valoriser son travail

Nathanaël Becker est titulaire d’un DEA en informatique. Ex journaliste chroniqueur à France 5, il dirige une agence de communication audiovisuelle et Brand content depuis 2000.

Dans ce podcast, il nous explique comment améliorer la valeur perçue de notre travail, afin de gagner … plus.

Voici les informations permettant de le suivre :

– Site web : https://www.nathanael.biz/

– LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/nathanaelbecker/

Stéphane : Nathanaël bonjour, comment tu vas ?
Nathanaël : Bonjour Stéphane, toujours aussi bien, bonne humeur, comme toi.

Stéphane :  Alors super ! Moi je suis content de t’avoir, ça fait quand même un petit moment qu’on se connaît, et je sais que tu as un recul impressionnant sur tes business que tu gères depuis 20 ans notamment une entreprise de communication, de branding, de vidéo, et aujourd’hui tu vas nous parler justement d’un sujet un peu sensible c’est bien valoriser son savoir faire, c’est ça ?

Nathanaël : Alors, je dirais presque ces dons. Ce que je vais dire c’est issu d’un brainstorming qu’on a fait avec des membre du CJD (club des jeunes dirigeants), et qui m’a littéralement sauté au visage. Au fond, on a tendance à dévaloriser, ou à ne pas valoriser (ce qu’on fait facilement), ce pourquoi on est doué, on n’a pas conscience d’être doué puisqu’on le fait facilement, parce que, dans nos cultures, on a plutôt tendance à vendre cher, ce pourquoi on peine, parce qu’on a du mal à produire.

Et ça, ça pose un énorme problème parce que au fond ça veut dire qu’on va vendre des prestations pour lesquelles on va avoir beaucoup de peine à élaborer le produit ou la prestation ou le conseil ou ce qu’on fabrique, alors qu’on pourrait, en un clin d’œil, quelque part, produire quelque chose qui a une grande valeur et que les autres ne savent pas faire aussi bien.

Moi j’avais tendance à penser à l’origine qu’on était tous hyper polyvalents, et plus j’avance, plus je m’aperçois qu’en réalité, on a tous 2 ou 3 talents très particuliers, et on a tendance à les offrir ou à ne pas les valoriser. Alors moi je vais donner un exemple en ce qui me concerne, puisque, un de mes métiers que j’ai pour le coup que je ne mets pas énormément en avant c’est le fait de présenter des événements, de parler en public. C’est quelque chose que je fais assez facilement, et j’en ai fait un métier, et j’ai beaucoup travaillé pour les agences événementielles et j’ai fait ce que l’on appelle ‘le monsieur loyal’ et ‘le maître de cérémonie’. Et bizarrement, c’est quelque chose qui inquiète énormément la plupart des gens. Je ne sais pas pourquoi moi, en fait, ça ne m’inquiète pas, peut être parce que, dans mon esprit je ne fais que passer des plats et que ce ne sont pas mes idées, ce n’est pas moi que je mets en valeur, je mets les autres en valeur, et du coup le fait de monter sur une scène et de parler devant 500 ou 800 personnes ça ne me fait vraiment ni chaud ni froid à partir du moment où finalement j’apporte plus de valeur, donc ça c’est un cas un peu particulier. Et puis, j’ai commencé à rencontrer des personnes qui me disaient : tu sais quand je monte sur scène, j’ai envie de sauter par la fenêtre, j’ai le cœur qui bat, est ce que tu peux m’aider, etc., et de là, j’en ai fait des formations en essayant de comprendre finalement ce qu’il fallait faire pour ne pas être stressé, mais, j’ai offert cette prestation pendant des années, en fait, je l’ai fait pour des associations, avant de proposer cette prestation à des agences, je l’ai fait sans arrêt, j’ai fait de la télé quasiment gratuitement, et pour moi c’était assez naturel, à partir du moment où tu as la passion finalement, ma fibre à moi c’est, tu as la passion, tu n’as pas le stress.

Stéphane :  C’était pas un travail quoi.
Nathanaël : C’est un travail, un soft skill quelque part tu parles en public, ça te pose pas de souci.

Et je me suis aperçu, à l’opposé j’avais un énorme blocage. C’est que quand je lève le doigt dans une conférence, que je dois apporter une idée, que tout le monde va me regarder, juger mon idée devant un philosophe, devant un homme de politique, etc., je me mets à avoir une tachycardie monstrueuse, alors que je ne ressens absolument rien quand je fais le maître de cérémonie devant le même nombre de personnes, devant les mêmes circonstances. Et à l’opposé, je vois des conférenciers et des gens, des magiciens, tout un tas de gens qui ont été coachs sportifs etc enfin qui ont été entraîneurs, qui parlent avec une aisance, des experts sur scène, etc.Finalement, eux, moi, on n’a pas le même talent, mais il faut dans les 2 cas, il faut le vendre, et il faut le vendre très cher, parce que c’est quelque chose que les autres ne savent pas faire.

Donc, mon conseil, c’est d’essayer de faire un pas ou 2 en arrière, de reculer et de se dire : dans mon business, dans ce que je facture à l’année, qu’est ce que je ne facture pas ? Qu’est ce que je ne facture pas cher (parce que je le fais vite fait à la marche comme ça, c’est le conseil que je donne)? Je facture cher. Je pense aussi à une amie qui fait de la PAO, et qui donne des conseils excellents sur le message, sur le fond, et elle les donne, et elle vend sa PAO.

Stéphane :  C’est le principal.
Nathanaël : Voilà mais elle les donne, 200€ une plaquette, parce qu’en fait la PAO il y’a plein de gens qui le font y compris à Madagascar et c’est pas ça, sa valeur ajoutée est son talent.

Stéphane :  C’est vrai, maintenant que tu me le dis, je passe mon temps à, les gens m’appellent, j’ai souvent 2 ou 3 prospects par jour, et ils me demandent pour mon référencement naturel comment je dois m’y prendre, moi je leur explique.

Enfin, je suis en train de changer ma méthode de vente donc ça va complètement changer mais, jusqu’à présent, ce que je faisais, moi en bon ingénieur, en bon petit qui a fait l’école et tout ça quand on me pose une question je réponds parce qu’on me le demande simplement, je vais pas dire : écoutez, j’en sais rien. Forcément je dis je sais, je lui explique, et c’est de la valeur, ma stratégie, je veux dire, en visibilité, ça vaut des milliers d’euros ça.

Nathanaël : Et des années d’expérience derrière.

Stéphane : Oui, il veut ça gratuitement puis il me dit : ben écoute, j’ai pas le budget, au revoir monsieur, puis le gars il sait exactement.. Bon, j’exagère, c’est pas si simple, en 20 minutes tu peux pas tout lui donner mais bon, tu as quand même pas mal d’informations qui sont données gratuitement et derrière y’en a qui savent vraiment comment ça se passe, qui en abusent et qui nous appellent rien que pour ça, ils vont aller jusqu’à la proposition commerciale pour avoir tout le détail de la stratégie.

Moi je pense que ça fait partie du métier, on le fait parce qu’il faut le faire, voilà, la plupart du temps les gens sont honnêtes, ils viennent parce qu’ils ont un vrai besoin, il veulent savoir ce que tu as dans le ventre c’est normal tu leur en donne un peu, tu en gardes aussi, et puis c’est un jeu, puis un moment ils payent pour avoir la prestation, normalement tu es sensé lui délivrer quelque chose de concret pas juste du blabla, donc il faut en donner, mais pas trop, bon, c’est pas évident. Bon je comprends ce que tu veux dire et ça me fait poser quelques petites questions en fait.

Nathanaël : Une excellente remarque, les agences de comm sont très fortes pour ça, pour, quelque part, s’arrêter avant de donner le conseil au sens propre du terme. D’ailleurs on va dire : on va réfléchir.

Et moi c’est vrai qu’en réunion, j’avais tendance à donner des idées, à donner énormément de conseils et puis après on se rend pas compte qu’on vient de donner 99 % de sa valeur ajoutée que derrière on ne va faire que de la production –je dirai- de tacherons, produire des minutes de vidéo, produire des dizaines de lignes de texte, et en fait, le conseil clé qui est l’aboutissement d’années de compétences, d’expériences qui fait qu’en 2 secondes on va dire : allez, tu devrais aller voir le marché Allemand, et ben ça, c’est très compliqué de le vendre, mais ça a une valeur énorme, et les cabinets de conseil, et les agences de comm je dirai un peu cossues, elles savent le faire, et c’est un truc que devraient apprendre à faire aussi les consultants, les personnels, les chefs de petites entreprises, parce qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils dilapident, ils dilapident leurs compétences, mais parce que c’est très difficile.

Quelques fois il faut pour ça changer d’emballage, et passer de production d’outils à un emballage qui est plus conseil, et une autre chose sur laquelle je voudrai réagir avant de conclure, c’est le rapport entre le travail et le temps.

Aujourd’hui, les contrats de travail sont basés sur du temps pour les salariés, ce qui est absolument un non sens parce qu’en réalité, il y’a 90% des prestations qui ne sont pas corrélées au temps mais qui sont corrélées à la performance, à la créativité, et j’ai envie de dire, beaucoup de choses peuvent être packagées, si moi je mets 4 fois moins de temps qu’un autre, y’a pas de raison qu’on me paye 4 fois moins cher, c’est juste que je vais 4 fois plus vite. Mais en tant que prestataire, j’ai envie de dire, on peut annoncer un budget, si je mets 10 minutes à le faire c’est que j’ai énormément d’expérience.

Stéphane :  On a quand même un gros avantage, c’est pouvoir organiser notre temps comme on veut, notre productivité, et en plus vendre même plutôt la valeur que le temps passé évidemment même si ça reste assez compliqué pour certains de se dire je vais vendre 2h de boulot à 10 000€, ben oui mais si ça les vaut, voilà ! Mais après on se dit c’est du vol, c’est jamais du vol si ça les vaut !

Nathanaël :  Et le concept créatif c’est encore pire. C’est-à-dire que, une idée de mise en forme d’une vidéo, allez on va dire qu’on coupe de cette manière là, le temps serait comme ça, ça gère dans un bar en quelques minutes, c’est devenu Bref, le concept il est Bref Canal+ qui a cartonné ou ça, c’est quand même compliqué de valoriser souvent les idées, c’est une petite étincelle, et il faut pas forcément plus de 10 minutes pour l’obtenir et pourtant il faut réussir à le vendre.

Et il y’a une anecdote avec Picasso qui, un jour n’avait pas d’argent, et a fait un petit croquis sur la nappe du restaurateur, et le restaurateur lui dit : mais tu te moque de moi, moi j’ai fabriqué mon bourguignon, tu ne vas pas me payer avec un petit dessin, et l’autre lui dit : c’est 50 ans d’expérience et de créativité, si tu vends ce dessin, tu peux racheter plusieurs restaurants. Et ça a pris 2 secondes, et là on se rend mieux compte, quelque part, ce que c’est Picasso.

Stéphane :  Bon, j’espère qu’on va tous devenir des petits Picasso alors, euh.
Nathanaël : Mais on a tous, je pense, le potentiel d’être de petits Picasso.

Stéphane :  Ok merci Nathanaël.
Nathanaël : A bientôt.